"ça fait tellement mal de lire ça tu sais... De voir à travers tes textes, tes sentiments, ta vie, la mienne qui défile si semblable à la tienne... A la seule différence du résultat... Toi tu t'es endurcie, tu es devenue indifférente aux autres, à ce qu'ils pensent et pourtant si attentive... Moi je suis devenue plus sensible... trop sensible... Je me suis trop attachée à ce qu'il pensent... tu ne le vois peut-être pas à travers mes lignes mais je pleure... sur ce qui m'est arrivé... sur mon passé si semblable au tien... J'aimerais être devenue comme toi aujourd'hui... Pouvoir être ouverte en étant protégée, ne pas avoir le cœur à nu, sujet à la moindre souffrance... Pouvoir voir les gens entrer et sortir de ma vie sans pour autant en être affectée... Je pense que c'est à peu près ce que tu es devenue. Tu n'est pas forcément ce que j'aimerais être, mais je préfèrerais sûrement être comme toi. Aujourd'hui, on a au moins une chose en commun... vouloir éviter la souffrance aux autres. Je pense que nos passés ont beaucoup en commun... pas forcément aux mêmes niveaux mais... ils sont si semblables... Une souffrance au collège, un amour non réciproque... Cependant tu as dû plus souffrir que moi."

Comment dire... j'ai rangé mon bazar de feuilles, mon foutrac de dessin, j'ai vidé mes pochettes, j'ai fait le tri. Je suis retombée la-dessus. Enfin, ce n'est qu'un extrait. Relire ça, ça m'a fait mal. En plus, il y avait tout le reste autours (les DS pourris, les dessins moches, tout ça zou à la poubelle, il faut y regarder le moins longtemps possible, sinon ça fait pleurer, comme les oignons)

Maintenant mon bureau est tout beau tout propre tout rangé. Ça fait un peu vide. Un peu comme ma tête en fait. Vide et froid.

Hier, quand j'ai retrouvé ce morceau de papier, une feuille à grand carreaux, perforée, écrite au stylo plume bleu, rangée pliée dans une enveloppe, j'ai voulu réagir à ce qu'il signifiait.

Alors je vais réagir. Étude linéaire.

Ça fait tellement mal d'écrire ça tu sais... je ne peux pas m'ôter ce sentiment de culpabilité, le fait de toujours me demander si ce n'est pas plus de ma faute que de celle des autres, si je n'invente pas, si je n'exagère pas, je ne m'en rends pas compte, j'ai peur de le faire involontairement.

Tous les rejetés se ressemblent, tous, et tous les fils et filles de rejets se ressemblent et ont mal. Tous se comprennent en quelque sorte.

J'ai trouvé des gens sur internet qui écrivent des choses que moi je voudrais pouvoir transcrire, mais je n'y arrive pas. J'ai trouvé des gens qui ressentent ce que je ressens. J'ai trouvé des gens qui ont tellement mal qu'ils se mutilent. J'ai trouvé des gens qui ont tellement mal qu'ils ne sont plus eux-même en vrai. J'ai trouvé un gosse de onze ans qui se scarifie et qui a déjà la haine du monde, et qui pourtant est triste, plus triste qu'en colère. On extériorise comme on peut...

Alors, à ces gens-là, je laisse des messages, je lis les vingt-cinq pages de leur(s) blog(s) et je leur donne du réconfort. Au moins j'essaye.

Je ne serais jamais indifférente aux autres, et encore moins à ce qu'ils pensent de moi. Je donne peut-être cette impression, mais ce n'est pas le cas. En vrai, je ne suis jamais moi. Jamais. Parfois ça fait si mal... alors je me referme sur moi, pour garder mes sentiments, parce que les laisser déborder ferait trop de mal aux autres. Je ne m'exprime pas. Un peu en dessinant, mais à peine. Beaucoup en jouant du piano. Énormément en écrivant.

Si j'étais comme tu dis, explique-moi pourquoi la nuit je fais d'horribles rêves. Pourquoi à l'approche de la rentrée je me réveille en sanglots la nuit et je n'arrive pas à me rendormir. Pourquoi je ne porte pas de jupes. Pourquoi je me maquille. Pourquoi. Explique-moi.

N'importe quelle remarque peut passer ou bien me mettre en rogne, suivant mon humeur. J'essaye de ne rien laisser transparaître, mais c'est dur, parfois ça marche pas, parfois je me retrouve assise dans un couloir, triste sans raison très précise, puisqu'il ne reste qu'un vague relent de ces raisons... je ne suis pas insensible. Je n'exprime pas, c'est différent.

Être ouverte me coûte. Et encore, ce n'est que de l'écriture ici, rien d'autre. Quand j'écris, je me détache un peu de moi. Je ne pourrais pas aller aussi loin physiquement. Pas maintenant. Trop peur.

Et oui, on y vient, j'ai peur. Tout le temps, au lycée, je suis angoissée. Je ne connais pas l'origine de cette peur (quoique) mais je sais que j'ai peur des autres. Surtout ceux de mon âge en fait, entre quinze et dix-neuf ans, une espèce de phobie. Je suis toujours mal à l'aise. Ça va mieux dès que je connais mieux les personnes. Tout le monde, tous ceux avec qui je parle dans la cour doivent avoir remarqué cette espèce de regard fuyant que j'ai, jamais regarder longtemps dans les yeux. Ça en fait partie. En plus je regarde tout le temps ce qui se passe autours.

Je regarde les gens entrer et sortir de ma vie, mais ce n'est jamais dans l'indifférence. Parfois le soulagement, parfois la peine. Jamais l'indifférence.

Et je ne pense pas non plus que si tu savais tout tu préfèrerai être à ma place. Je ne tiens pas à me plaindre. Je préfère juste dire que je n'ai pas une vie enviable par toi.

Comme je l'ai déjà dit, les rejetés ont tous un passé semblable, et des sentiments communs, ils ont tous de l'amertume, de la tristesse, la nostalgie d'un moment heureux de leur vie, une passion, un besoin d'exprimer le trop plein de rancœur.

Un jour, peut-être que je raconterai ce dont je me rappelle du collège. Oui, parce que pour ne rien faciliter, je subis une sorte d'amnésie partielle, je ne me rappelle de pas grand-chose de cette époque-là, voire de presque rien en fait.

Souffrir plus que toi... comme s'il y avait une sorte de mérite à avoir plus ou moins souffert... non. On souffre à notre niveau. Tu as autant souffert que moi, si tu ressens les mêmes choses que moi, c'est que tu as eu aussi mal. Reste à savoir si maintenant c'est toujours le cas...

Et puis l'amour non réciproque héhé, j'en ai eu combien des comme ça... 2+2+3+4+2=13 et encore je crois que j'en passe... disons que c'était le premier avec qui je pensais "vraiment" que ça allait marcher... c'était le premier mec qui me regardait pas comme une copine. C'est le premier qui m'a rendue heureuse comme ça. L'ennui avec les grandes passions, c'est que c'est toujours démesuré. Grand amour, grande tristesse, grande haine, grande tristesse, grands remords et grands regrets...

Maintenant c'est passé. Depuis quelques temps déjà c'est passé. Et je ne suis pas morte ^^ et il y en a eu un autre. Pas mal là non plus.

Ne m'envie pas. Ne souhaite jamais être comme moi. Jamais.

170	Articles
537	Commentaires

2021	7
2017	8
2016	14
2015	58
2013	1
...

blasblaseries	1
poésie	5
--	164

Kv2	5
code	1
TODO	1
arena	1

Lettre retrouvée après de longues fouilles