La première fois que je t'ai vue... Quand était-ce ? Je ne m'en souviens plus... Pourtant, depuis ce jour funeste, tu me suis, partout où je vais. Tu es toujours là, penchée par dessus mon épaule. Moi, parfois, j'espère que tu t'en iras, mais tu ne pars pas. J'espère m'endormir et me réveiller sans toi, mais tous les matins, tu es là, sur le pied de mon lit, et tu me dis : « alors, on fait quoi aujourd'hui ? »

Alors je me lève. Et toi, aussitôt, comme pour m'entraver, tu t'accroche à ma jambe. Vas-tu me lâcher ? Pourquoi ? Je vais être en retard. Et alors ? Je vais me faire engueuler. Tu te fais toujours engueuler ! Oui, mais pour de bonnes raisons. En es-tu sure ?

Et là, si le doute s'installe dans mon esprit, c'est fini, tu as gagné. Je descends l'escalier. Toi, toujours à mon pied, tu glisse de marche en marche avec des cris déchirants. Arrête, arrête ! Pourquoi ? Ça ne sert à rien !

Dans le couloir, je secoue ma jambe frénétiquement. Tu lâche prise. Tu te relève et tu me lance un regard mauvais. Je descends le deuxième escalier. Tu me suis en grommelant. Je m'assois à la table. Mon père me tend une tartine. Je la prends. Toi, tu te mets derrière moi. Tu me ceinture et tu serre fort, si fort que mon estomac se contracte. Et voilà ! Tu es contente de toi ? Oui ! Pourquoi ? Si tu manges, tu le sais, tu auras mal au ventre toute la matinée ! À quoi ça t'avance ? Oh, ça ne sert à rien, c'est ce qui est bien.

Je hoche la tête. Il faut que je mange. Je croque la tartine. Difficilement, j'avale. Je prends un verre d'eau. Tu y mets des miettes. Je le rince et le remplis à nouveau. Je bois. Je plie ma serviette. Tu cache le rond de serviette. Je perds du temps à le chercher. Sur ton visage, un sourire sadique s'affiche.

Je remonte. J'entre dans la salle de bain. Je prends la brosse à dents. Tu vide le dentifrice. J'en sors un autre tube. Je me lave les dents et me les rince au robinet. Tu rends l'eau glacée. J'entre dans la douche. Tu pique le savon. J'utilise la savonnette. Tu trépigne, tu enrage. Je me rince et je sors. Tu a trempé la serviette dans laquelle je m'essuie. Pas grave.

Je remonte m'habiller. Toi, tu t'assieds sur mon et tu me regarde. Je m'habille. Je fais mon sac. Tu n'aurais pas vu mon livre de maths ? Non. Tu es sure ? Ah si, peut-être sous ton lit, ou sur ton bureau, à moins que ce soit à coté de l'ordinateur... Merci de ton aide précieuse. De rien !

Je cherche frénétiquement. Pousse-toi !

Tu te lève et tu te place, debout au milieu de la chambre. Tu étais assise sur le livre. Pourquoi ? Je cherche à te pourrir l'existence.

Je laisse tomber. De toute façon, ta logique me dépasse.

Me dépasse.

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