État de la situation
Je ne suis pas particulièrement affiliée à un parti politique. Lors des précédentes élections, je me suis tournée vers le Parti Socialiste, en la personne en premier lieu de M. François Hollande (qui promettait le changement, justement ça m'arrangeait parce que la destruction des acquis sociaux engagée par M. Sarkozy m'inquiétait) puis de M. Erwan Binet lors des élections départementales (je n'ai malheureusement pas eu l'occasion de voter pour les régionales).
Premier constat : j'en suis déçue. J'ai l'impression d'avoir été le didon de la farce. Mon vote pour M. Hollade, motivé par l'espoir d'un renouveau social, est finalement discrédité, partout : dans les médias, dans la bouche des gens, qui insultent cette personne et ceux qui l'ont placé à la tête du gouvernement. J'ai le sentiment d'être traitée de "bisounours", de personne naïve, de rêveuse. Sans parler du côté sexiste de ces piques, on en est au point où on m'explique que : "la politique, c'est fait pour les grands, maintenant laisse-nous travailler et retourne jouer dans ta chambre.".
Je suis donc doublement déçue : d'abord par la politique de M. Hollande et de son gouvernement. D'ailleurs, pourquoi ce serait son gouvernement à lui ? Et pourquoi ce ne serait pas le mien à moi ? Ou le nôtre à nous ?! Ensuite, par ce qui en découle, c'est à dire le discrédit jeté sur ma maturité politique et sociale.
Second constat : j'ai peur. Je vis dans un sentiment d'insécurité grandissant, moi, en tant que "petite gens", en tant que "pauvre", en tant que "mère célibataire", en tant que "jeune", en tant qu'"étudiante", en tant que "femme". Parce que j'ai la sensation que des personnes autour de moi vont pouvoir avoir encore plus de pouvoir sur le cours de mon existence qu'ils n'en ont déjà. Quand un collègue de travail qui possède deux appartements achetés grâce à son salaire, qui sort d'une école privée, commence à expliquer que "le pays a besoin d'un économiste au pouvoir", j'ai le sentiment que cet personne ne comprend pas que ce qu'elle dit signifie "les gens aisés, la classe moyenne-haute, a besoin que quelqu'un les aide à gagner encore plus d'argent parce que les impôts leur en prennent trop". Sauf que les impôts, là, ce sont eux qui m'aident à vivre. Parce que mon misérable salaire de 1500€ par mois (et encore, c'est beaucoup par rapport à ce par quoi je suis passée !) ne suffira clairement jamais à assurer ma subsistance dans des conditions acceptables. Oui, j'ai un loyer de 840€ par mois. Parce que j'en ai eu assez de vivre dans des taudis, et que je voulais un endroit assez grand pour pouvoir avoir une chambre à moi et une pour mon fils, un endroit où il fasse bon vivre. Et c'est le prix d'un endroit pareil, dans le quartier où il fallait que j'habite pour être capable de finir mes études.
Si on fait les comptes rapidement, on obtient ceci :
Label | Entrées | Sorties |
Salaire | ~ 1500€ | |
APL | ~ 350€ | |
Prime d'activité | ~ 350€ | |
Participation aux frais de garde | ~ 170€ (en fonction du salaire du babysitter) | |
Loyer | ~ 840€ | |
Gaz - Électricité | ~ 100€ | |
Téléphonie - Internet | ~ 40€ (tous forfaits confondus) | |
Cantines - Garde périscolaire | ~ 150€ (je mange aussi à la cantine à midi) | |
Assurances diverses | ~ 120€ | |
Salaire babysitter + charges | ~ 210€ | |
Essence (trajets domicile - école à moi et domicile - grands parents pour les vacances) | ~ 125€ | |
TOTAL | ~ 2370€ | ~ 1585€ |
Il me reste ainsi environ 785€ par mois pour assurer le reste des dépenses. On peut compter entre 90 et 140€ de courses alimentaires par semaine. Il reste donc après le paiement de l'essentiel ~380€ au mieux, ~155€ au pire. Ce qui fait de dès qu'un événement tel que Noël, un anniversaire, un aller-retour imprévu... se produit, et bien je ne peux pas épargner. À l'heure actuelle, j'ai 400€ d'épargne sur un livret A, tout ce qu'il me restait d'avant ayant été investi dans l'achat de la voiture qui me permet de faire mes études et d'aller travailler.
Si on enlève les aides, je ne peux plus vivre. Si on enlève la sécurité sociale, je ne peux plus vivre. Parce que quand je fais une infection le week-end et que la note de médecin est de 69€, je suis contente de pouvoir être remboursée. Et c'est pour cette raison que je suis inquiète. Pas besoin d'un économiste, qui viendra ponctionner la sécu pour augmenter ma prime d'activité et au final se féliciter d'avoir créé le salaire à vie, par exemple : pour moi, ça reviendra au même, en plus dangereux. Parce qu'en cas d'imprévu, d'hospitalisation par exemple, il faudra casquer. Ou payer des assurances privées. Ce que je refuse, parce que c'est prendre l'argent des petits pour engraisser les gros.